TerritoireVillars-sous-Yens se situe dans le canton de Vaud dans le district de Morges. Les communes limitrophes sont Yens, Denens, Lussy-sur-Morges, Saint-Prex, Étoy et Lavigny.
Proche de tout
Quelques faitsDistrict: Morges
Habitants au 31.12.2023 : 609 Superficie: 301 ha Altitude: 480 m Nom des habitants: Les Sécherons |
Quelques images
La légende des Sécherons
Il y avait déjà bien quelques années que les bernois avaient quitté le pays de Vaud quand se passa cette macabre histoire. S'ils nous avaient imposé la dîme, les bernois nous avaient appris pas mal de choses : par exemple, à sécher des quartiers de pommes ou de poires, ou même le fruit tout entier, pour faire des schnetz qu'on mangeait l'hiver avec des pommes de terre bouillies; les nôtres appelaient ça des sécherons.
En ce temps-là, Villars-sous-Yens possédait deux auberges de commune : le café du Soleil, situé dans le contour de la route qui conduit à Aubonne-Bière, et la Croix-Fédérale qui donne sur la place. La Croix-Fédérale qui existe encore aujourd'hui était tenue par un couple de vieux, bien sympathique : la tante Hélène et le petit Louis, qu'on ne pouvait pas confondre avec le gros Louis.
Ils arrivaient paisiblement au bout de leur carrière et, comme les aînés de cette époque, ils avaient acheté leurs cercueils, de belles boîtes en chêne, qu'ils avaient remisés au fond du galetas, assez loin de leur vue, en se disant "il n'y a rien qui presse". C'était leur sécurité sociale. A l'automne, quand tante Hélène avait fait ses cornets de sécherons, elle tirait au jour un des cercueils pour y loger ses provisions "c'est le seul endroit à l'abri des souris" disait-elle.
Or, il advint qu'une année où l'on devait célébrer la fête du tirage, ancienne abbaye, vers la fin de juillet, le petit Louis cassa sa pipe : gros émoi dans le bourg qui terminait les préparatifs d'une manifestation qui avait pris de l'ampleur depuis la libération du pays. Un banquet avait remplacé avantageusement le discours sévère du major; des reines accompagnaient les rois dans un cortège haut en couleurs. Aussi, les habitants se réjouissaient-ils de ces joies populaires.
La mort du petit Louis compliquait le déroulement des opérations. Paul Abram, Syndic, convoqua Justin, président de la fête, ainsi que Jean Pavillon, banneret. Il fut décidé d'aller trouver la tante Hélène et de lui proposer de différer l'enterrement jusqu'au mardi suivant. Le Syndic expliqua les difficultés d'un enterrement le lundi de la fête, la déception des gens, le manque à gagner pour la Croix-Fédérale; la tante Hélène, qui n'avait pas encore réalisé ce qui lui arrivait, accepta. On monta le petit Louis dans son cercueil, au galetas, et la fête déroula ses fastes sans lui. Le mardi, vers le milieu de la journée, Paul Abram, Justin et tout le comité se retrouvent au café pour mettre à exécution leur promesse: un enterrement de première classe, avec beaucoup de monde, même que le gros Louis avait dit "il ne lui restait plus rien, je l'aurais porté tout seul sous le bras" et Jean Pavillon d'ajouter "ça finit bien la fête".
Ce n'est qu'à l'automne, lorsque tante Hélène monta ses réserves au galetas, qu'elle trouva son mari, tout sec, dans la dernière boîte en chêne. Au lendemain de la fête, dans les brumes de l'alcool, les porteurs avaient mis en terre les sécherons de tante Hélène à la place du petit Louis.
En apprenant la nouvelle, les villages voisins se gaussèrent de l'aventure des gens de Villars et les baptisèrent : les sécherons.
Tiré du livre de F. Berthet et A. Humbert-Droz "Villars-sous-Yens, Passé-Présent" aux éd. Cabédita.
En ce temps-là, Villars-sous-Yens possédait deux auberges de commune : le café du Soleil, situé dans le contour de la route qui conduit à Aubonne-Bière, et la Croix-Fédérale qui donne sur la place. La Croix-Fédérale qui existe encore aujourd'hui était tenue par un couple de vieux, bien sympathique : la tante Hélène et le petit Louis, qu'on ne pouvait pas confondre avec le gros Louis.
Ils arrivaient paisiblement au bout de leur carrière et, comme les aînés de cette époque, ils avaient acheté leurs cercueils, de belles boîtes en chêne, qu'ils avaient remisés au fond du galetas, assez loin de leur vue, en se disant "il n'y a rien qui presse". C'était leur sécurité sociale. A l'automne, quand tante Hélène avait fait ses cornets de sécherons, elle tirait au jour un des cercueils pour y loger ses provisions "c'est le seul endroit à l'abri des souris" disait-elle.
Or, il advint qu'une année où l'on devait célébrer la fête du tirage, ancienne abbaye, vers la fin de juillet, le petit Louis cassa sa pipe : gros émoi dans le bourg qui terminait les préparatifs d'une manifestation qui avait pris de l'ampleur depuis la libération du pays. Un banquet avait remplacé avantageusement le discours sévère du major; des reines accompagnaient les rois dans un cortège haut en couleurs. Aussi, les habitants se réjouissaient-ils de ces joies populaires.
La mort du petit Louis compliquait le déroulement des opérations. Paul Abram, Syndic, convoqua Justin, président de la fête, ainsi que Jean Pavillon, banneret. Il fut décidé d'aller trouver la tante Hélène et de lui proposer de différer l'enterrement jusqu'au mardi suivant. Le Syndic expliqua les difficultés d'un enterrement le lundi de la fête, la déception des gens, le manque à gagner pour la Croix-Fédérale; la tante Hélène, qui n'avait pas encore réalisé ce qui lui arrivait, accepta. On monta le petit Louis dans son cercueil, au galetas, et la fête déroula ses fastes sans lui. Le mardi, vers le milieu de la journée, Paul Abram, Justin et tout le comité se retrouvent au café pour mettre à exécution leur promesse: un enterrement de première classe, avec beaucoup de monde, même que le gros Louis avait dit "il ne lui restait plus rien, je l'aurais porté tout seul sous le bras" et Jean Pavillon d'ajouter "ça finit bien la fête".
Ce n'est qu'à l'automne, lorsque tante Hélène monta ses réserves au galetas, qu'elle trouva son mari, tout sec, dans la dernière boîte en chêne. Au lendemain de la fête, dans les brumes de l'alcool, les porteurs avaient mis en terre les sécherons de tante Hélène à la place du petit Louis.
En apprenant la nouvelle, les villages voisins se gaussèrent de l'aventure des gens de Villars et les baptisèrent : les sécherons.
Tiré du livre de F. Berthet et A. Humbert-Droz "Villars-sous-Yens, Passé-Présent" aux éd. Cabédita.